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Parfum de narcisses, de cire, de savon...
4 octobre 2008

Un moment, je m'étais endormi... je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant...

Tout d'abord un grand merci pour le poème d’EtoileSublime. Il dit EXACTEMENT ce que je ressens. C'est en plus une excellente transition avec ce qui suit.

Pour ceux qui ne l'auraient pas lu, je ne résiste pas au plaisir de le vous reproposer :

"Il est des nuits de doute, où l'angoisse vous tord,
Où l'âme, au bout de la spirale descendue,
Pâle et sur l'infini terrible suspendue,
Sent le vent de l'abîme et recule éperdue !
Il est des nuits de doute, où l'angoisse vous tord,
Et ces nuits-là, je suis dans l'ombre comme un mort."

Après le moment de mélancolie précédent – donc à lire après en dessous, technique bloguesque particulière, vous en conviendrez, pour lequel je vous demande l’absolution, je reviens un instant sur l’une des grosses angoisses de ma vie.

Restons du côté du clown triste. Et aussi dans les années quarante, cinquante et début soixante. Pas sur les plans du social ou des objets quotidiens, mais dans une ligne plus intimiste, voire intime tout court.

Un après-midi, rue V., après une longue dispute avec mes sœurs (animosité que j’expliquerais un autre jour), et une semonce bien « frappée » de Maman (on savait éduquer en ce temps-là), me voilà couché sur le grand lit pour une sieste, disons, quelque peu forcée. Avec un léger mal de tête et de fesses, pour une fois associées dans ma vie.

Et là est le problème. Je me souviens bien de m’être endormi, certes, mais pas de m’être réveillé ensuite. La baffe sans doute.

Depuis, moins souvent aujourd’hui - privilège des cheveux qui seraient blancs si j’en avais suffisamment - j’ai toujours un doute : suis-je réveillé ou toujours dans mon rêve ? Et si oui, quand vais-je me réveiller ? Surtout que le temps passe…

Avouez que c’était bien pratique, autrefois, lorsque les circonstances le favorisaient : disputes* avec la grand’mère, la mère, les deux sœurs, le père, et toute autre circonstance traumatisante… par exemple lorsque j’étais traduit devant le Conseil de Discipline, ce jour où Papa dut m’aller rechercher au Lycée, car j’en étais éjecté… oh, pas pour indiscipline, non, pour « résultat annuel, toutes matières confondues, le plus bas depuis la fin de la guerre** » rien que cela, et j’en suis presque fier maintenant, même si je n’en menais pas large en 1956 ! « tu seras commis charcutier, c’est çà que tu veux ? »
Non, même si la charcuterie sera l’un de mes fantasmes de cuisinier amateur par la suite, moi je voulais « faire » de la mécanique. J’en avais assez des études, je voulais être garagiste ! quand je pense au nombre de garages que je possèderais maintenant !

Souvent j’ai tenu le coup uniquement parce que je pensais que tout cela était un rêve dans mon sommeil ininterrompu. Que j’allais me réveiller et que tout cela ne serait plus que de la fumée volatile de cauchemar. Cela m’a permis quelques jolies bêtises et quelques torgnoles en retour. Qui aime bien châtie bien. Ma mère m’aimait beaucoup. Et je le méritais !

Mais, cette vie rêvée ou ce rêve vivant, se sont trouvés associé à une autre angoisse qui m’a perturbé le sommeil tout au long de toute ma vie.

En deux mots, pour faire bref, une fois n’est pas coutume :

Un voisin de la rue était mort dans sa cour pendant qu’il exerçait ses dévotions sur un seau de vidange. Toute la rue, s’en émut, la même qui avait applaudi les exploits de conduite de Papa… C’était la première fois que, depuis l’abandon du mythe rassurant du Père Noël qui n’était pas encore arrivé au stade de déchet théatro-cinématographique, que j’entendais cette notion toute nouvelle et bruyante : le père R. était « mort ». Quelqu’un que je connaissais, qui me faisait peur, était « mort ».

Qu’est-ce que cela pouvait bien signifier ? C’est quoi la mort ?

J’ai posé la question à ma mère. Pour bien dormir pendant les quasi-soixante ans qui ont suivis, je n’aurai pas dû. Parce que Maman, pensant bien faire et bien dire me répondit : « Oh ! C’est rien. C’est comme quand on dort. »

Dès ce moment, impossible de fermer l’œil sans penser à ça. D’où des insomnies fréquentes, des heures de coucher acadabrantesques, des levers en sursaut, des cauchemars obsessionnels… et j’en passe.

Comme quoi il faut toujours se méfier de l’interprétation enfantine de ce que l’on dit. J’espère que si on m’avait parlé d’une autre vie, d’un passage vers une autre vie, etc. cela aurait été plus « cool ». Mais là, c’est trop tard. Comme disait Joséphine, une vieille amie, « C’est comme ça ! » en trainant le ton sur le « comme », à la bretonne, en tapant sa main droite sur son avant-bras gauche, avec toute la fatalité du monde sur les traits du visage fatigué par le temps et les désillusions.

Bon, le prochain chapitre sera plus rigolo. Triste mais rigolo. Dérisoire. Tiens, je vous parlerais de ma scolarité. Se conjugue comme hilarité et inefficacité.

Renvois : (c’est le cas de le dire)

* Il paraît que j’avais un assez mauvais caractère… en tous cas j’en avais un, ça c’est sûr. Mais j’ai du mal à m’en souvenir, moi qui suis doux comme un agneau et la bonté même… je vous jure ! J’avais le « diable dans le corps » qu’on me disait. Cela est surement faux, vu le reste de ma vie sentimentale, où je ne l’ai pas souvent vu ni « dans » ni « au »…
Bref j’étais un gamin confronté à deux, puis trois sœurs, une mère, une grand-mère, et dans l’attente d’un élément équilibrant qui sera toujours déçue : un frangin, un petit frère, avec qui jouer, qui aurait surement su me comprendre dans mes jeux, lubies, et autres fantasmes de garçon.

** 2,5 /20 quand même ! Toutes matières confondues et sur l’année complète, enfin presque... Rigolez-pas, surtout toi, ma fille, si tu lis ces lignes, mais je n’avais pas supporté le passage de
- l’école primaire, où les instituteurs étaient sévères, parfois, mais vous connaissaient et vous reconnaissaient et étaient des guides naturels (ils avaient surement la « vocation » eux),
- au bahut, où c’est déjà un certain apprentissage – celui-là bien réussi – de l’anonymat de la masse.

Anonymat, oui, sauf en cas de mauvais résultats, le seul moyen de se faire remarquer quand on n’est pas le premier ! Exactement comme Victor Hugo lorsqu’il tonitruait : « être Chateaubriand ou rien ! ». Moi ce fut rien ! Tout le monde ne peut pas être Victor Hugo.

Mes études, c’est assez édifiant de ce qu’était, vu côté élève (et incidemment parents), l’institution de l’Education Nationale dans les quelques années qui ont suivi la guerre, autre face des Trente Glorieuses méconnue de la plupart des adultes de maintenant, nés après soixante-huit, les pauvrets.

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Commentaires
É
... VH !!!<br /> Jules Barbey d'Aurevilly à Victor Hugo :<br /> "Vous pouvez renoncer à la langue française qui ne s'en plaindra pas car, depuis longtemps, vous l'avez assez éreintée ; écrivez votre prochain livre en allemand."<br /> Bon dimanche ☼
M
c'était du poisson que j'avais à t'offrir... mais ma fille et mon gendre chéris m'ont coupé l'herbe (fine herbe!) sous le pied!....<br /> Je reviens seulement de maintenant de chez Françoise et ça va comme ça peut aller... Elle se prépare pour Lourdes et je serai lundi vers 17 h 30 chez elle pour zieuter qui vient la chercher... Tu repars quand? Viens ou venez prendre le café chez moi demain! A confirmer au téléphone...<br /> Désolée d'apprendre les circonstances de ta phobie du sommeil, comme quoi on ne se méfie jamais assez de ce que l'on dit en tant que parents. A méditer pour tous... <br /> Non, tu n'as jamais été nul , mais seulement "décalé" par rapport à la norme écolière et ta réussite met une grande claque à tous ces con....ds de juges éducationalistes! <br /> Moi non plus je n'étais pas une lumière et notre sensibilité, notre humanité (si si si j'ose le mot) ne nous ont pas tout de suite ouvert les portes de la société. Mais basta, moi aujourd'hui <br /> je considère que je ne suis pas plus nulle que certains et je m'en satisfait... Cher frangin de mon coeur la petite dernière qui t'as un jour traité "d'espèce de tête de lard" (te souviens-tu?) t'aime de son gros coeur (et oui merci mon hypertrophie cardiaque!)...
R
et quand je pense qu'on se demandait de qui tient louis..... ctait donc toi!!<br /> grrrrrrrrr<br /> par contre, et contre toute attente, la réunion avec maîtresse s'esst bien passée et elle a l'air contente de lui!!<br /> Je parle bien sûr de l'instit de louis hien!!<br /> ...<br /> mouahahahahah!!!!<br /> <br /> bisous tous doux mon tonton des îles, demain, t'auras de la rouelle de porc!
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