Sécu c'est cul, vous avez dit intellectuel ?

Je cherche désespérément dans le ciel l’avion que j’entends.

Papa est à côté de moi, à ma droite, devant la fenêtre grande ouverte de la salle à manger. Il est jeune, trente-cinq, trente-six ans. J’en ai cinq ou six. Il me parait très grand. Quelques instants auparavant, il a relevé les volets roulants.

Ils sont chouettes ces volets. Ils ont des charnières dans leur milieu pour en repousser la partie basse, permettant ainsi la protection du soleil tout en laissant la vue vers la rue et l’air entrer dans la pièce. Je sais, vous vous en moquez comme de votre première chaussette, mais pour moi, ça me permettait d’entendre et de voir mon copain R. d’en face pour un rendez-vous express, ou de jeter des miettes pour les oiseaux – des moineaux, je sais pas si vous savez de quoi je parle ? – sur la petite corniche d’en dessous, même lorsqu’ils étaient totalement descendus (malgré le chat c’est des volets que je cause). Le pieds !

Donc là Papa venait juste de le relever et on prenait le frais, le nez vers le ciel bleu. J’entends encore les « sriiiii sriiiiiiiii » stridents des martinets.

Puis là, on entend un avion à hélice. Papa sans se tourner vers moi me demande si je le vois. J’ai beau m’écorniller les yeux je ne vois pas l’avion. Papa insiste, me donne des points de repère, rien n’y fait, je ne vois que du bleu et des nuages, ce qui, somme toute, n’est déjà pas si mal.

Papa s’est tourné vers moi, avec un drôle d’air, mais qui avait sûrement plus de rapport avec mon nombre de neurones actifs qu’avec mes capacités visuelles !

Heureusement, quelques temps plus tard, Madame Le Bon, ma maîtresse (de CP, qu’allez-vous chercher encore ?) remarquera que même au premier rang je ne distinguais pratiquement rien sur le tableau, bien que je bénéficiasse, alors, d’une intelligence à peu près normale (il est pas beau çui-là?...).

Plus tard, mais assez vite, on me collait une élégante paire de lunettes Sécu, rondes – çà donne l’air intelligent et intellectuel (même à six ans?) – à branche élastique articulée derrière l’oreille – çà part dans tous les sens lorsqu’on tourne la tête un peu rapidement. Quand ? ben par exemple quand on joue, ce qui est peu fréquent chez les gamins de cet âge, je vous l’accorde !

Au fait les verres correcteurs sont en verre à l’époque… après plusieurs ballons dans la figure, j’avais déjà beaucoup moins de respect pour les footeux desquels je me suis toujours méfié et éloigné ensuite.

PS à propos de martinets j’aurai autre chose à vous narrer… et ne cherchez pas le verbe écorniller, comprenez-le, c’est bien ainsi, mais si, nonobstant, vous cherchez quand même l’origine de cette valise c’est assurément du côté de dessiller et d’écarquiller qu’il faut chercher.

PS2 (qui n’a rien à voir avec Sony) pour les blonds et blondes, une valise, c’est l’abréviation de « mot valise » (à rechercher du côté de Charles Lutwidge Dodgson, dit Lewis Carroll.)

Comments

[Rosine]

oh ben j'ai pourtant ta newsletter et j'ai pas eu le truc du fait que tt'avais posté!
t'as rein compris hein!!, bref, je vois seulement là que t'as posté. et toi, es-tu venu?? ce soir y'a foot, t'auras le temps , vas.
Et pis, dis, donc, qu'est-ce que t'as contre les lunettes rondes toi? j'rigoleueueue, nous aussi on a pris des verresen verre pour rafa, malheureusement, l'allergie au foot n'a pas été livrée avec.
En somme t'as compris, ce soir ,e n'échappe pas au foot...
mmmmmmmmmmmm
ça fait drôle d'imaginer que tu as des souvenirs de gpère à l'âge de franck...
les boules!,
bizooo